Renouer avec les codes du marché de l'emploi

En réponse au sentiment d’isolement et d’impuissance ressenti par les personnes en recherche d’emploi et à la nécessité, souvent, pour ces dernières, d’ajuster leurs compétences à l’offre disponible, Didier Krief a créé les Entreprises Éphémères pour l’Emploi (EEE), avec Céline Garence, alors elle aussi formatrice en entreprise. Ce dispositif innovant, déployé dans 26 villes de France et soutenu par Pôle emploi, accompagne les profils qui peinent à réintégrer le monde du travail.

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Un jour, Didier Krief s’est rendu compte « qu'il n’était plus dans les radars ». L’entrepreneur vient alors de déposer le bilan d’Atrium, sa société prestataire de services commerciaux et marketing. « Quand j’ai commencé à chercher du travail, je pensais que ce serait simple, du fait de ma formation en école de commerce et de mon expérience professionnelle, retrace le principal intéressé. Pourtant, je n’avais pas accès aux personnes chargées du recrutement. Dans mon entreprise, j’étais très entouré. Là, j’étais seul… » Retrouver un poste en CDI lui prendra 3 ans.

Association de bienfaiteurs et bienfaitrices

Sensibilisé au manque de repères auquel sont confrontées les personnes à la recherche d’un emploi, Didier Krief teste en 2015 une idée iconoclaste : « Alors que je formais des personnes salariées en contrat aidé, j’ai décidé d’abréger la partie théorique pour les encourager à aller s’informer des besoins des entreprises locales en matière d’emploi. » L’initiative rencontre un succès inattendu. En 2017, Didier Krief affine son concept en lançant les Entreprises Éphémères pour l’Emploi (EEE). L’idée est simple : pendant 6 semaines, 50 personnes à la recherche d’un emploi intègrent un service dans une structure qui simule le mode de fonctionnement d’une entreprise. Le dispositif a engendré 32 entreprises éphémères dans 28 villes, et formé plus de 1 200 “associés”. Le principe ? Ces “associés” démarchent les entreprises du territoire pour sonder leurs besoins en personnes salariées, d’autres les appellent pour les relancer, d’autres, encore, organisent des simulations d’entretiens et reçoivent des personnes chargées du recrutement qui ont des postes à pourvoir. La demande d’emploi locale est ainsi cartographiée, peu d’offres échappant au regard du collectif. « De cette façon, on cherche à la fois pour soi et pour les autres. »

“Avec les EEE, on cherche du travail pour soi et pour les autres.”

Didier Krief

Développer ses compétences numériques

En mai 2022, les EEE, entre-temps soutenues par Pôle emploi, se sont rapprochées de Google : « La maîtrise du numérique est une difficulté pour un grand nombre de personnes qui intègrent notre programme, explique Didier Krief. Des coachs Google interviennent pendant une journée, pour expliquer comment gérer un drive, une messagerie, comment bien rédiger et mettre en page un CV numérique, valoriser son profil sur LinkedIn auprès des équipes de recrutement, bien chercher un emploi en ligne… ». L’initiative a par exemple remis en selle Danielle, qui avait intégré les EEE de Nice en juin 2022 : « On m’avait assignée au service RH. Ainsi, je me suis sentie active, valorisée, et j’ai regagné confiance en moi ». Sans activité depuis 5 ans, elle a, depuis lors, intégré une société qui s’occupe de la collecte de fonds pour l’humanitaire. Comme Danielle, 60 % des personnes participantes trouvent un emploi dans les 6 mois qui suivent l’expérience. Un encouragement, pour Didier Krief, qui compte désormais « créer des initiatives plus spécifiques, dédiées, par exemple, aux métiers en tension, comme ceux du bâtiment et de l’hôtellerie ». Car il en est persuadé : « L’avenir des EEE passera aussi par cette forme de spécialisation ».

Dans cette histoire : Compétences numériques, France, Partenariats

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