L’équipe de l’association Open Food Facts réunie derrière un ordinateur

Open Food Facts, la consommation intelligente

Créé en 2012 avec l’objectif d’aider ses contributrices et ses contributeurs à consommer mieux, pour leur santé et pour la planète, le projet associatif Open Food Facts poursuit son développement, avec le référencement de plus 2,7 millions de produits alimentaires. Avec l’appui de l’intelligence artificielle, sa communauté s’engage de manière encore plus efficace.

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Tout commence il y a 10 ans par de simples discussions informelles en ligne. Fraîchement diplômé de Sciences Po, Pierre Slamich avait le désir d’« utiliser le numérique comme levier pour transformer le système alimentaire ». Alors, à 27 ans, il cofonde l’association Open Food Facts, pour faire vivre une base de données collaborative, élaborée par des contributrices et des contributeurs qui renseignent les données (ingrédients et composition) d’un produit.

Ces informations permettent à l’application de calculer – dès 2015 – le “score à 5 couleurs” (désormais connu sous le nom de l’étiquetage nutritionnel Nutri-Score) et ce, même lorsqu’il n’est pas indiqué par le fabricant. Le Nutri-Score, avec son système de notation allant de A à E et du vert au rouge, fait désormais partie du quotidien des Français. Non sans impact, comme l’explique Pierre Slamich : « Grâce au Nutri-Score et Open Food Facts, les consommatrices et les consommateurs réorientent leurs choix vers des produits plus sains, tandis que les distributeurs sont incités à en proposer un plus grand nombre ».

Pour aller plus loin, et « réduire l’impact de l’alimentation, aussi bien sur la santé que sur l’environnement », Open Food Facts propose depuis 2021 sur le même principe le calcul d’un autre indice, qui mesure l’impact environnemental des produits de consommation courante : l'Éco-Score. Il tient compte de plusieurs facteurs sur la pollution de l'air, des eaux, des océans, du sol, ainsi que les impacts sur la biosphère. Cette intégration a d’ailleurs valu à Open Food Facts d’être lauréat du Google.org Impact Challenge 2020, dédié aux enjeux climatiques.

Portrait de Pierre Slamich, cofondateur d’Open Food Facts

Pierre Slamich, cofondateur d’Open Food Facts : “L’IA augmente notre capacité à créer la transparence alimentaire.”

Augmenter les capacités de la communauté Plus de 2,7 millions de produits alimentaires sont référencés sur Open Food Facts. Un chiffre qui ne cesse de grandir, à raison de quelques milliers par jour, grâce à la communauté, qui scanne les produits, mais aussi avec l’appui de l’intelligence artificielle. « Nous pensons que l’humain et l’intelligence artificielle peuvent aller de pair, expose Pierre Slamich. L’IA vient augmenter la capacité de nos 20 000 contributrices et contributeurs à créer la transparence alimentaire. C’est un formidable outil pour rendre possibles et accélérer des choses dont nous rêvons depuis plusieurs années. » Ingénieur et responsable du machine learning au sein de l’organisation, Raphaël Bournhonesque poursuit : « L’utilisation de l’IA, chez Open Food Facts, a commencé par la catégorisation des produits, au niveau de la lecture des étiquettes ou des marques, notamment. Le but n’est pas de remplacer la communauté mais de l’assister dans des tâches à faible valeur ajoutée ».

Portrait de Raphaël Bournhonesque, ingénieur et responsable du machine learning chez Open Food Facts

Raphaël Bournhonesque, ingénieur et responsable du machine learning chez Open Food Facts :”Le but n’est pas de remplacer la communauté mais de l’assister dans des tâches à faible valeur ajoutée.”

L’IA, *« un outil d’optimisation » Suite à sa sélection comme bénéficiaire du Google.org Impact Challenge 2020 pour le climat, Open Food Facts a bénéficié d’un soutien financier ainsi que de l’appui d’une dizaine de collaborateurs de Google notamment spécialisés en machine learning. « Cette aide nous a permis d'avoir des résultats assez impressionnants et de passer à l'échelle européenne, explique Pierre Slamich. Nous avons par exemple pu rapidement lancer une nouvelle appli mobile et des nouveaux systèmes d’intelligence artificielle pour prédire les catégories. » Raphaël Bournhonesque précise : « Nous détectons des patterns (modèles, ndlr) qui correspondent à des noms de marques, de produits. Nous avons ajouté des milliers de logos dans plusieurs pays et nous sommes désormais capables de les détecter. De cette façon, nous pouvons ajouter une marque à des centaines de produits à la fois »*. Un véritable travail d’équipe, pour une communauté particulièrement engagée et compétente.

« Le bénévolat est une composante importante d’Open Food Facts », reprend Pierre Slamich. « Certains spécialistes de l’IA contribuent ainsi sur leurs soirées et sur leurs week-ends. C’est super-enrichissant et cela motive toute la communauté. » Une motivation nécessaire à l’heure où « les émissions de carbone de l’alimentation représentent 30 % des émissions de l’humanité », dixit Pierre Slamich. D’autant plus que pour Raphaël, « l’intelligence artificielle ne remplacera pas des actes politiques et individuels forts ».

Dans cette histoire : IA, France

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