"Aujourd’hui, nous avons un bilan carbone neutre depuis 2007"
Que faites-vous pour vous assurer que les centres de données sont le moins énergivores et le plus efficients possible ?
Les équipes de Google travaillent sur deux niveaux d’efficacité énergétique. D’abord, au niveau du serveur : pour que nos serveurs puissent générer plus de puissance avec moins d’électricité. L’autre niveau concerne nos centres de données en tant que bâtiments : nous devons maintenir une certaine température à l’intérieur. Les serveurs sont assez sensibles, un peu comme un radiateur ou une résistance électrique : plus ils tournent, plus ils vont chauffer ; plus ils vont chauffer, moins ils vont être efficaces. Les centres de données de Google ont un design très particulier. Ils sont conçus pour que le système de refroidissement soit vraiment performant et efficace, et qu’il consomme moins d’électricité afin de réguler la température. Ce procédé utilise des systèmes de design mécanique, au niveau du bâtiment, mais il fait aussi appel à de l’intelligence artificielle de façon à ce que nous puissions vraiment optimiser le moment où nous actionnons le refroidissement du centre de données.
C’est un modèle pour les prochains centres de données, comme pour la future « région France », prévue pour 2022 ?
Tout à fait. Nous essayons de répliquer ces deux aspects d’architecture des centres de données sur toutes nos infrastructures globales, comme nous l’avons fait récemment en Finlande, à Hamina. Nos centres de données seront concentrés sur l’efficacité énergétique d’une part et de l’autre, sur l’approvisionnement local, pour trouver de l’énergie plus verte.
Comment Google procède-t-il pour alimenter ses centres de données avec de l’énergie plus verte ?
Nous souhaitons promouvoir plus de capacité de production d’énergie renouvelable dans les réseaux électriques où nous avons des centres de données. Les marchés électriques sont assez différents selon les régions. Il y a des contrats appelés « contrats d’achat directs », où l’on va pouvoir signer un contrat d’électricité avec une centrale éolienne ou une centrale solaire. Il y a d’autres réseaux électriques où ce marché n’existe pas. Il y a parfois un unique gestionnaire de réseau pour toutes les sources d’électricité, comme c’était le cas avec EDF en France il y a 20 ans. Dans ces cas-là, nous pouvons travailler directement avec le gestionnaire de réseau pour aider au financement de ces nouvelles installations d’énergie renouvelable. Ces contrats sont généralement de longue durée et vont donc justifier l’installation de nouvelles centrales à énergie renouvelable, par exemple solaire, ou éolienne.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre objectif zéro carbone pour l'année 2030 ?
Cette stratégie s’inscrit vraiment dans la démarche de durabilité de Google. Aujourd’hui, nous avons un bilan carbone neutre depuis 2007, ce qui signifie que nous émettons toujours du carbone dans nos opérations, mais nous nous engageons pour réduire les émissions de carbone dans une quantité équivalente ailleurs, grâce à des projets performants de compensation de carbone (par exemple, l’installation d’équipements pour réduire les fuites de méthane des décharges). Nous comptons aller plus loin – cela signifie que nous viserons à fonctionner uniquement avec des énergies renouvelables dès 2030, 24h / 24 et 7j / 7, dans tous nos bureaux et centres de données du monde entier. En ce qui concerne les centres de données, nous nous sommes rendu compte, il y a 20 ans, que leur alimentation représentait une grosse part de notre empreinte carbone. Nous avons donc décidé de créer des programmes spécifiques, centrés sur l’impact de l’électricité. Depuis 10 ans, nous avons commencé notre programme d’achat d’électricité renouvelable. Désormais, notre nouvelle contrainte est d’acheter de l’électricité plus verte sur place, partout où il y a des centres de données, et exactement quand nous avons besoin de cette électricité : il s’agit de notre programme « Énergies Renouvelables 24 h/24 7 J/7 ». Et s’il n’y en a pas, nous allons travailler avec les gouvernements locaux, les laboratoires de recherche, pour trouver des solutions et apporter de l’électricité, produite grâce aux énergies renouvelables.
Concrètement, qu’est-ce qui manque aujourd’hui pour parvenir à cet objectif ?
Le problème majeur de l’énergie renouvelable, c’est l’absence de soleil ou de vent à certains moments de la journée, qui empêche d’avoir accès à cette électricité 24 h/24 h. Nous devons trouver les technologies qui nous permettront d’avoir de l’électricité à ces heures creuses. Nous travaillons beaucoup sur le stockage d’électricité, les nouvelles façons de produire de l’électricité plus verte comme la géothermie, l’électricité nucléaire ou l’hydroélectricité. Google collabore aussi avec les partenaires locaux afin de pouvoir acheter sa propre électricité verte. Ce sont vraiment ces deux composants qui vont nous permettre d’accéder à davantage d’électricité zéro carbone.
Et vous aidez vos partenaires à pouvoir gérer leurs données de manière plus verte de leur côté ?
Nous avons commencé avec nos clients “cloud” et nous essayons de leur fournir des données, en termes de durabilité, pour leur permettre de prendre les meilleures décisions possible sur la gestion de leurs services. Pour la première fois le mois dernier, nous avons publié les données par région “cloud” (Une région est un emplacement géographique spécifique au sein duquel sont hébergées les ressources, ndlr) qui permettent de répondre aux questions suivantes : « à quel point l’électricité est verte sur cette région », « à quel point l’électricité est verte de par le réseau électrique » et « à quel point l’électricité est verte de par le réseau électrique et par l’action de Google ».
Une troisième décennie d’actions pour le climat
Google renforce à nouveau son engagement en faveur de l’environnement afin de contribuer à construire un avenir sans carbone, pour tous. Déjà pionnière en devenant neutre en carbone dès 2007, la marque a également éliminé tout son héritage carbone d’avant cette date, grâce à l’achat de compensations carbone de haute qualité. Mais surtout, c’est maintenant l’une des premières grandes entreprises à s’engager, d’ici 2030, à fonctionner grâce aux énergies renouvelables, 24h / 24 et 7j / 7, dans tous ses bureaux et centres de données du monde entier. Elle investit aussi dans des technologies durables pour accompagner partenaires et collaborateurs. Comme, par exemple, pour augmenter la production de 5 gigawatt supplémentaires d'énergie renouvelable dans des zones industrielles d'ici 2030, pour aider plus de 500 villes à réduire leurs émissions carbone ou encore pour trouver de nouvelles façons d’accompagner 1 milliard de personnes vers des choix plus durables grâce à ses produits. Google estime par ailleurs que ses engagements permettront de créer directement plus de 20 000 nouveaux emplois dans les énergies renouvelables et les industries associées à travers le monde, d'ici 2025.
Vidéos vertes
YouTube développe aussi une approche environnementale responsable. Non seulement la plateforme vidéo utilise les mêmes centres de données que Google, dont l’empreinte carbone est neutre, mais elle adapte aussi la résolution des vidéos selon l’écran et le réseau de façon dynamique, et réduit la bande passante utilisée lors des pics d’utilisation. YouTube souhaite aussi aider chaque entreprise à se procurer une énergie la plus propre possible, y compris les opérateurs de télécommunications et de réseaux Internet en travaillant avec la plateforme Re.Source. Le but ? Débloquer l’accès à l’énergie propre pour chaque entreprise en Europe et proposer un « Internet vert de bout en bout ». L’engagement pour l’environnement se retrouve aussi sur YouTube, où créateurs passionnés et utilisateurs curieux se rejoignent. « Le Réveilleur » contribue à mieux faire comprendre les effets du changement climatique. Et pour ceux qui veulent changer complètement leur façon de vivre, la chaîne « Comme un pingouin dans le désert », avec 161 000 abonnés, raconte les aventures de Salomé et Kevin, construisant une maison en bois et explorant l’autosuffisance énergétique ou encore la permaculture.