"La plupart des postes en entreprise requièrent la maîtrise de compétences numériques "
Au moment où près de 3 millions de personnes sont à la recherche d’un emploi, certains domaines d’activité, comme le numérique, peinent à recruter et restent en forte tension. Comment résoudre ce paradoxe et faciliter leur montée en compétence ?
Quelle est la situation du marché du travail en France, aujourd’hui ?
Globalement, nous sommes plutôt dans une dynamique positive qui comprend une hausse des offres d’emploi et une baisse de la demande d’emploi. Cela peut générer certaines tensions de recrutement sur des secteurs à fort volume d’emplois comme l’hôtellerie-restauration, le transport-logistique ou les services à la personne. Parallèlement, d’autres secteurs comme le numérique éprouvent des difficultés non pas à cause du nombre d’offres d’emploi mais du fait d’un manque de profils qualifiés. C’est notre rôle, de travailler avec les entreprises du secteur pour leur proposer des solutions.
Pour quelles raisons ces postes sont-ils difficiles à pourvoir ?
La nature de ces postes, d’abord, nécessite souvent l’acquisition de compétences purement techniques, qui font encore trop souvent défaut. Ensuite, les entreprises du numérique comme les startups se sont organisées historiquement sans recourir aux services de Pôle emploi. Souvent, pour accéder à leurs offres, il faut passer par des sites Internet spécialisés, repérer des annonces sur les réseaux sociaux… ce qui peut invisibiliser certains postes. Plus largement, le numérique innerve quasiment tous les corps de métier aujourd’hui. La plupart des postes à pourvoir dans les entreprises requièrent la maîtrise de compétences numériques. Ne pas avoir un minimum d’acquis numériques est évidemment un frein d’accès à l’emploi. Tous secteurs confondus, le socle de connaissances demandé revient à savoir naviguer sur Internet, se servir d’un serveur en partage, utiliser les logiciels de bureautique… Ça représente 80 % des besoins.
Comment Pôle emploi accompagne-t-il le développement des acquis numériques ?
D’abord, nous utilisons Pix, un service d’évaluation des compétences numériques adapté spécialement aux personnes en demande d’emploi. Quand celles-ci ne sont pas à l'aise avec l’utilisation de l’ordinateur ou ne savent pas faire une recherche sur Internet, nous leur proposons un parcours (ateliers, formations) pour monter en compétence sur les outils numériques élémentaires. Les personnes plus à l’aise peuvent être orientées vers des modules de perfectionnement visant la maîtrise de leur image sur les réseaux sociaux ou la certification des compétences numériques. Nous travaillons aussi à orienter les profils adéquats vers des formations numériques ouvertes aux non-diplômés, comme celles proposées par l’École 42 ou encore Simplon. Enfin, de nouveaux partenaires nous offrent des solutions de formation complémentaires. C’est le cas de Google, qui nous donne accès à un panel de formations intermédiaires, pour apprendre à développer son image sur les réseaux sociaux, à être mieux référencé en ligne ou encore à maîtriser les bases du marketing numérique. Depuis la signature de notre accord de partenariat avec Google, en février 2022, plus de 3 000 personnes ont bénéficié du cursus. Qualitativement et quantitativement, c’est très satisfaisant.
Comment envisagez-vous d’accroître le développement des compétences, en particulier numériques, des personnes à la recherche d’un emploi en PACA ?
Nous sommes la 2e région la plus créatrice d’entreprises de France. Nombre d’entrepreneuses et d’entrepreneurs ont besoin d’être accompagnés sur la façon de bien utiliser le référencement, de booster leur activité grâce à Internet… En 2023, 155 millions d’euros devraient être alloués au développement des compétences dans la cadre du Plan d’investissement dans les compétences. Sur le numérique, nous voulons valoriser les écoles ouvertes aux personnes non-diplômées qui offrent des formations dans les métiers les plus en tension. Pôle emploi Provence-Alpes-Côte d’Azur soutient les démarches et initiatives inclusives visant à favoriser l’accès à certains métiers du numérique aux publics éloignés de l’emploi et encore peu représentés dans ce secteur. Les entreprises ont également un rôle à jouer pour diversifier le secteur en ouvrant leurs portes à tous les profils. Avec Google, nous allons tester prochainement la mise en place de formations plus longues sur 4 métiers : UX designer, Support IT, Project manager et Data analyst. Tout cela tend vers le même objectif : être plus innovant pédagogiquement, pour se rapprocher des besoins des entreprises.